En réaction à la situation du Japon, le premier ministre, François Fillon a adressé le 23 mars dernier, un courrier à l'Autorité de Sûreté Nucléaire Française (ASN) lui demandant d'engager un audit de l'ensemble des centrales nucléaires françaises.
Vous trouverez le courrier ci-après :
Monsieur le Président,
Le Japon a été frappé par un séisme puis un tsunami d’une ampleur exceptionnelle. Les pouvoirs publics sont pleinement mobilisés pour aider ce pays qui subit le drame humain le plus important depuis 1945, et apporter à nos ressortissants vivant au Japon l’appui nécessaire dans ces circonstances.
Au bilan humain extrêmement élevé et aux dégâts matériels immenses provoqués par ces catastrophes naturelles s’est ajouté un accident nucléaire grave touchant la centrale de Fukushima. Pour nos concitoyens de métropole et d’Outre-mer, il est essentiel de disposer d’une information transparente, fiable et disponible dans les meilleurs délais sur les conséquences de cet accident. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) contribuent tout particulièrement à cette expertise et à sa restitution en temps réel. Il conviendra ensuite de tirer les leçons de cet accident pour nos installations nucléaires et c’est pour cette raison que j’ai annoncé au Parlement le 15 mars mon souhait que la sûreté nucléaire de chaque centrale nucléaire fasse l’objet d’un examen attentif.
En application de l’article 8 de la loi n°2006-686 du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire, je vous demande de réaliser une étude de la sûreté des installations nucléaires, en priorité les centrales nucléaires, au regard de l’accident en cours dans la centrale de Fukushima. Cet audit portera sur cinq points : les risques d’inondation, de séisme, de perte des alimentations électriques et de perte du refroidissement ainsi que la gestion opérationnelle des situations accidentelles. Il est complémentaire aux démarches de sûreté mises en oeuvre par les exploitants nucléaires sous votre contrôle. Je souhaite que vous examiniez, installation par installation, si des améliorations sont nécessaires à la lumière des enseignements qui seront tirés de l’accident de Fukushima.
Je souhaite que vous puissiez établir sous un mois un cahier des charges et un calendrier pour cette évaluation. Je vous demande de veiller à assurer la cohérence de cette démarche avec les travaux menés sur le plan européen par le groupe ENSREG (european nuclear safety regulators group) et l’association WENRA (western european nuclear regulators association) auxquels vous participez.
Sur la base de ce cahier des charges, il conviendrait que vous livriez vos premières conclusions pour la fin de l’année 2011.
J’attache la plus haute importance à ce que cette démarche soit effectuée de manière ouverte et transparente : le haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN) y contribuera à toutes les étapes. Il conviendra également d’informer les commissions locales d’information (CLI) au fur et à mesure de l’avancement de vos travaux.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de toute ma considération.
Source http://www.gouvernement.fr, le 24 mars 2011